jeudi 31 janvier 2013

Revue Chiendents n°26



Chaque numéro de la revue Chiendents s'est fixé, en principe, comme but de rendre hommage à un seul auteur, mort ou vif.
Le n°26, que je viens de recevoir, mis en musique par Pierre Tréfois et Jean-Louis Rambour, est consacré à Michel Pierre (1929-2011). Une fois n'est pas coutume, je parle d'une publication à laquelle j'ai contribué, mais c'est pour rendre hommage à l'écriture de Michel Pierre, ce poète apprécié notamment de Jean Rousselot et de Jean L'Anselme et qui a été surtout édité dans les années 80 et 90.
En ce qui me concerne, à une époque du moins, son style m'a influencé. Il se situe plutôt à l'opposé de ce qui se fait actuellement. C'est une écriture très écrite, musicale et picturale. La syntaxe est enroulée sur elle-même, les histoires sont labyrinthiques. Se trouvent aussi là-dedans une pincée de surréalisme, beaucoup d'humour, de l'absurde, du fatalisme finalement... Quand on lit Michel Pierre, il faut se laisser emporter à toute vitesse par ces successions d'images tout en goûtant à la luxuriance du langage...
Comme j'aimerais donc que ce numéro soit le départ d'autres hommages ou de publications d'inédits, ou encore de rééditions. C'est l'une des rares fois où je suis certain qu'un poète publié n'écrit pas semblablement aux autres.
En tout cas, vous trouverez dans ce numéro 26 de Chiendents plusieurs inédits, dont celui-ci, pour éventuelle découverte :

"Nulle confusion possible

Ne pas confondre l'appel du pied avec celui du vertige, si l'on considère cette situation dépendante uniquement du talon et bien que l'une et l'autre de ces sollicitations soient un leurre. Seul le mouvement interdit la chute, ainsi la randonnée en vélo, la vie marginale des couples, les ressources intemporelles de la guerre. Mieux vaut se laisser attendrir par la vitesse afin de perturber l'envie d'une collision, surseoir au jugement dernier et suivre avec fougue, dans le ciel, la courbe des idées générales. Non plus éviter de médire des immobilismes de plaine entre deux montagnes péremptoires, ni du bruit de la mer qui referme son gousset, ni des gisants lesquels enterrent le monde, pas davantage de ces gosses, mains tendues vers la lumière, laquelle éclaire le crime tout autant que l'innocence. Les manèges feront foi des limites dépassées, loin de la gravitation enfantine, sinon mieux vaut courir aux trousses des dieux unijambistes, car l'infiniment stupide favorise tous les excès. Et sa couleur est brillante, sa plénitude convient au moindre désir cependant que rompre n'embrasse que l'essentiel même si celui-ci paraît inoubliable au prix de l'insoumission".

Pour en savoir plus sur cette revue ou pour toute commande (3 € le numéro), allez faire un tour sur http://editionsdupetitvehicule.blogspot.com/

jeudi 24 janvier 2013

Revue Traces n°176


Voici venu le numéro 176 de "Traces". Une revue pas tout à fait comme les autres. Alors, je vous arrête tout de suite. Il s'agit là du dernier numéro de cette revue. Après 50 années de bons et loyaux services, l'ancienne va prendre sa retraite. Je sais pas si vous vous rendez compte ce que ça fait 50 ans d'existence pour une publication tenue à bout de bras par un seul bonhomme, avec toutes les vicissitudes de la vie (professionnelles, familiales)...
Il reste que pour nous, les poézineurs, revuistes, "Traces" est presque devenue une légende. En tout cas, c'est la grand-mère de "Traction-brabant". Et d'ailleurs, c'est la grand-mère de pas mal d'autres revues. Celle à qui vous pensez quand vous êtes un peu découragé dans cette entreprise qui n'appelle pas de récompense, et au pire, les honneurs du soldat inconnu !
Surtout qu'à côté de "Traces", des éditions ont également existé, avec à la clé, plus de 200 recueils parus, si je ne fais pas erreur ! A la fin, ce sont des problèmes de santé qui ont eu raison de la persévérance de Michel-François Lavaur, son PDG.
Ainsi, ce numéro a été préparé par ses fille et petite-fille, et pour la première fois par ordinateur, sous l'oeil attentif du "maître", afin que soit célébrée en famille la petite entreprise de poésie.
Bon, la mise en page bordélique, dans laquelle alternent sur une même page textes et dessins de plusieurs personnes, a été quand même conservée, au moins en partie. C'eût été dommage d'abandonner l'une des caractéristiques phares de "Traces". Prenez en de la graine, les people de la poésie !
Sinon, dans ce numéro 176, la plupart des textes sont des hommages rendus à la fois à la revue, à l'homme Michel-François Lavaur, ainsi qu'à son oeuvre (notamment les recueils "Argos").
Parmi les contributeurs et amis, citons Claude Serreau, Alain Lebeau, Claude Cailleau, Jean-Pierre Thuillat, Georges Cathalo, Eric Simon, Jean Chatard, et aussi quelques poètes disparus, publiés par "Traces" : Norbert Lelubre, Robert Momeux, Moreau du Mans, Dagadès : ces poètes, leurs textes, vous pouvez y aller, c'est du solide. Peut-être d'ailleurs certains de leurs recueils sont-ils encore disponibles. Pour le savoir, il suffit de contacter la Fourbithèque de Michel-François Lavaur !

Pour en savoir plus sur la revue, les éditions Traces, Michel-François Lavaur, rendez-vous sur http://www.michelfrancoislavaur.fr/, et pour obtenir plus de renseignements, vous pouvez également écrire à krystel.lavaur@gmail.com

mercredi 23 janvier 2013

Revue Népenthès n°6


Je viens de recevoir le numéro 6 de la revue "Népenthès" et sitôt débarqué dans ma boite à lettres, je me suis attaqué à sa lecture. Attaqué, c'est le mot, car cette revue, que dis-je cet édifice de poésie, ne contient pas moins de 400 pages ! Attention, cependant, "Nepenthès" va devenir, à partir de cette année, semestrielle, ce qui fera tout de même au total 800 pages de poésie par an, je vous explique pas le travail de conception et d'organisation !
Ce qui ne peut laisser indifférent, d'autant plus que la présentation de l'objet est class. Ce qui est suffisamment rare pour être signalé. Et pourtant, pourtant, malgré cette apparence luxueuse, la revue est démocratique ! Alors là, ça tourne carrément à l'exploit ! Pas besoin d'être le copain du copain de la copine du président pour y être publié sous couvert d'un comité de lecture, de la folie là, pour le coup !
J'espère juste que les participants à la revue sauront se montrer généreux avec elle, et pas seulement avec leurs langues ! Car des fois, y en a...
Et les styles sont très variés, des plus classiques (avec une partie dédiée aux rimes) pour l'époque aux plus modernes ou du moins contemporains. A signaler également une partie importante consacrée à la publication de nouvelles. Et enfin, un dossier consacré à un auteur influent pour la littérature contemporaine. Dans ce numéro 6, il s'agit d'Artaud.
Parmi tous les nombreux auteurs figurant au programme de "Népenthès", ma préférence va à quelques uns de ses fidèles : Guillaume Decourt, Vincent (qu'a pas de nom), Guillaume Siaudeau, Florian Tomasini, Laura Vasquez, Lionel Fondeville, Thierry Radière...Et un petit vieux qui écrit mieux qu'un jeune encore, il s'appelle Antonin Artaud, dont le texte "Sur le suicide" clôt ce numéro d'éclatante manière ! Un texte qui chie bien, quoi, comme dirait votre serviteur...

Pour en savoir plus sur la revue, allez faire un tour dans le blog : http://carchim.unblog.fr/

dimanche 13 janvier 2013

Revue Nouveaux délits n°44


Cathy Garcia, qui anime la revue "Nouveaux délits", avec ce 44e numéro, offre un coktail détonnant.
L'occasion pour moi de relire avec plaisir des auteurs déjà publiés dans "Traction-brabant" : Fanny Sheper, mais aussi et surtout Jean-Michel Hatton, ainsi que Walter Ruhlmann, avec des extraits de son recueil "Post Mayotte Trauma", récit de son séjour à Mayotte. Des écritures claires comme le soleil et réveillées !
J'ai aussi découvert deux autres auteurs que je ne connaissais pas du tout : Pascal Batard et Hosho Maccreesh, traduit par Eric Dejaeger.
Le premier de ces poètes a une écriture qui sent le baston. Moi j'aime bien, ça ne consent pas au nul immuable, mais à la liberté, et pour moi, c'est essentiel. Extrait : "Armées en marche se retournant crosses en l'air contre ses assassins,/ Douleurs apaisées par le sourire d'une robe légère,/ Visages contre visages, visage dans visage, / Graines s'ouvrant en mille tiges, tiges pliant sous mille pétales, et la fleur, et le fruit,/ Apothéose se fracassant contre un mur,/ Chemin battu, êtres aimés..."
Le deuxième de ces poètes, Hosho Maccreesh, est un petit drôle dont les textes ont un titre presque plus long que le corps (du poème). Petit exemple : "LE SOLEIL SE CONSUMERA, & UN HIVER APOCALYPTIQUE, INFERNAL S'INSTALLERA & TUERA PRESQUE TOUT SUR CE STUPIDE ROCHER & TOUT CE QUI RESTE PEUT ATTENDRE PATIEMMENT QUE L'UNIVERS S'EFFONDRE A NOUVEAU SUR LUI-MÊME". Ah ben voilà, ça, c'est du titre ! De quoi faire baver le plus péteux des poètes français ! Il y en a ! Ah bon ? Pensez-vous ! J'aurais pas cru !
Et le poème qui va avec, le voici, du moins un large extrait : "...la toute première,/ la plus fondamentale/ victoire/ est d'accepter / -sans crainte ni doute-/ que tu/ vas/ mourir/ & qu'une/ pierre tombale/ est une pathétique,/ foireuse/ excuse/ comme/ héritage...."
Forcément, une fois qu'un texte comme ça est écrit, beaucoup d'autres paraissent moins utiles...Si seulement ils n'étaient pas écrits !
Moi, même, je me sens tout chose là maintenant, mais il me faut signaler les illustrations de Jean-Louis Millet (http://jlmi22.hautetfort.com/), complice de Cathy Garcia pour ce numéro et pour d'autres publications (http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/), ainsi que les chroniques de lectures de Cathy Garcia herself...

Pour en savoir plus sur la revue "Nouveaux délits", http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/ ...